PRESSE

Le Monde - 2020

Joy figure dans la selection de cinq albums recommandés par Francis Marmande

— Francis Marmande —

Télégramme - 2020

« Joy » est probablement l’album le plus déroutant de votre carrière : il lorgne ostensiblement vers la world music. Pourquoi avoir emprunté cette voie ?

Je ne considère pas que le seul ajout d’une couleur orientale suffise à par- ler de world music, car sinon « Afro Bossa » de Duke Ellington serait classé comme tel. Je me suis servie de cet ajout d’oud et de la derbouka non seulement pour stimuler mon inspi- ration mais aussi comme un outil d’écriture.Je ne considère pas que le seul ajout d’une couleur orientale suffise à par- ler de world music, car sinon « Afro Bossa » de Duke Ellington serait classé comme tel. Je me suis servie de cet ajout d’oud et de la derbouka non seulement pour stimuler mon inspi- ration mais aussi comme un outil d’écriture.

Comment s’est faite la rencontre avec Mohamed Abozekry, votre invité spécial ?

Je l’ai rencontré grâce à Leon Parker, le célèbre batteur américain avec lequel j’avais eu la chance de jouer quelques fois. Cette idée d’oud me taraudait depuis les disques de David El Malek que j’avais beaucoup écou- tés. Cette rencontre a été l’impul- sion. J’ai immédiatement senti le potentiel de Mohamed à naviguer d’un style à l’autre. Cette incroyable facilité qu’il avait à apprivoiser le jazz a permis de jouer ensemble. L’invita- tion de Denis Lebas, le directeur de Jazz sous les Pommiers, à faire une création au festival de Coutances, a aussi beaucoup accéléré les choses !

À lire les notes de la jaquette, votre frère Julien vous a également donné un « conseil déterminant »…

Le groupe au départ était un trio, bat- terie, oud et sax. J’y ai rajouté une contrebasse assez rapidement. Puis j’ai hésité entre du piano et de la der- bouka, dans l’optique du festival de Coutances. Lorsque j’ai appelé Denis Lebas une énième fois pour lui annoncer ma décision irrévocable de garder la derbouka plutôt que le piano, mon frère avec qui j’allais jouer m’a dit : il faut que tu prennes du piano aussi ! Ça n’a l’air de rien mais la présence ou l’absence de tel ou tel instrument infléchit l’écriture.

Le groupe sans piano n’aurait pas sonné pareil. J’ai finalement annoncé qu’il me faudrait les deux. Et je dois dire que je ne le regrette pas du tout. Le piano a permis beaucoup plus de choses dans l’écriture des morceaux et leur organisation.

Faut-il interpréter « Joy » comme une ode au bonheur (musical) ?

Le titre s’est imposé au fur et à mesure des concerts, c’est le senti-ment qui dominait dans le groupe. Et dont le public se faisait l’écho à cha- que fois. Il faut croire qu’avec la maturité on arrive plus facilement au bonheur tout court et à un certain lâcher prise. Il y a quelque chose de très organique dans cette musique, qui parle aux tripes et qui est un peu de l’ordre de la transe quand Moha- med est aux commandes !

On vous connaît comme saxopho-niste, un peu moins comme flûtiste. Les deux instruments ont-ils la même importance pour vous ?

J’ai énormément de plaisir à travailler la flûte depuis quelques années. Ça s’apparente pour moi à de la média- tion comparée au travail du saxo- phone. Mais le saxophone ténor reste ma voix. La flûte n’est qu’une récréation heureuse. Mais la récréa- tion c’est aussi du travail, elle permet de se renouveler !

— Gilles Carrière —

Le Monde - 2019

Des compositions supérieurement agencées ménageant espaces et initiatives. Cinq instrumentistes hors pair, une pensée, le goût du jeu.

— Francis Marmande —

France info - 2019

Le groupe, réuni par son goût affirmé pour l'improvisation et les grands espaces, chemine avec délicatesse au confluent de deux cultures, penchant tantôt du côté d'un jazz sobre et épuré, tantôt du côté d'un Orient poétique, animé ici et là par d'entraînantes secousses rythmiques.

— Annie Yanbékian —

Le Monde - 2018

Vendredi 10 août, 22 h 30, petite salle précieuse de L’Astrada, à Marciac (Gers). Physique de cinéma, mais elle s’en fiche, Sophie Alour, saxophoniste ténor de 43 ans, envoie à la perfection The Sidewinder de Lee Morgan. Phrasé, mise en place, élégance du timbre, la perfection. Elle vient d’inviter le pianiste Alain Jean-Marie en duo. De Chet Baker au Who’s who du jazz et des chanteuses, Alain Jean-Marie (Pointe-à-Pitre, 1945), met à tout ce qu’il fait une discrétion aussi aiguë que scrupuleuse. Tous les musiciens l’aiment. Sophie Alour ne se trompe pas. Cependant à deux pas, sous le chapiteau au 6 000 places, Stacey Kent et l’orchestre des conservatoires de la région Occitanie (direction Jean-Pierre Peyrebelle) cèdent la scène à Lizz Wright.

Dans le village, ça joue de partout. C’est Marciac, 1 249 âmes en temps ordinaire, 210 000 corps en temps de festival, dont la 41e édition est organisée du 27 juillet au 15 août. Jazz in Marciac a été créé en 1978 par l’instituteur André Muller et une poignée d’amateurs fiévreux, dont le jeune principal du collège, Jean-Louis Guilhaumon. Le modeste hommage au jazz traditionnel aurait pu s’engoncer dans ses prudences guillerettes. Ou alors Jazz in Marciac aurait pu devenir un énième festival popote, entre loi des tourneurs et caprices du temps. Il a bien failli. Ce serait sans compter avec l’infatigable Guilhaumon, à la démarche de randonneur et au sourire curieux. Toute sa vie, il n’aura fait que rester à l’écoute, apprendre, s’entourer de ses meilleurs détracteurs, innover, et produire un géant aux ailes de planeur.

 

Tiens ! Le 9 août à midi, deux gandins font leur apparition, place de Verdun, à Tarbes – 43 km de La Mecque – où logent pas mal de musiciens. Ils ont 20 ans, les pieds nus. A peine vêtus de sarouels rayés orange et vert, ils avancent torse nu, la médaille de Lourdes ou la coquille de Compostelle sur la poitrine. Mick Jagger et Jim Morrison en 1968, place...

— Francis Marmande —

La Terasse - 2018

Elle publiait voici quelques mois A time For Love, somptueux album de ballades enregistré avec quelques uns des plus ntoires jazzmen de l'Hexagone, comme le batteur André Ceccarelli, le tromettiste Stéphane Belmondo, le saxophoniste Davis El Malek, le pianiste Alain Jean marie et le tromboniste glenn Ferris. Dans une musique où le processus de légitimation passent par la reconnaissance des pairs, la présence de tous ces musiciens à ses côtés peut se lire comme le signe de l'importance gagnée par Sophie alour dans le paysage du jazz hexagonal. Unbe place qui n'allait pas de soi, femme dans un monde du jazz encore extrêmement masculin, pas exempt de reflexes machistes. Précurseure de ce mouvement de féminisation à l'oevre dans le jazz auprès de ses consoeurs Airelle Bession ou Anne paceo, Sophie Alour s'est cependant toujours refusée à se revendiquer comme telle, préférant la reconnaissance par le talent à toute autre forme d'affiramation, trouvant sa place dans les big bands de la capitale à ses débuts, comme le Vintage Orchestra ou celui de Christophe Dal Sasso (avec lequel elle se produit encore) en faisant ses preuves comme instrumentuste, sans considération de genre.

Hors du temps

Auteure de différents projets depuis son premier disque Insulaire (2005) jusqu'à Shaker(2014) en passant par des collaborations avec le pianiste Laurent Coq et le guitariste Seb martel (Uncaged 2007)  un trio sans piano et des ambitions plus orchestrales sous le poétique nom de "la géographie des rêves", elle est en parrallèle, depuis 2005, l'une des membres du Lady quartet de l'organiste Rhoda Scott. Armée de son saxophone, elle a foulé les planches de nombreux théâtres de France en prenant part au spectacle de François Morel. Revenant aux standards chantés notamment par Ella Fitzerald, Billie Holiday ou Shirley horn, elle renoue, dans son nouveau disque A Time, For Love, avec l'inspiration mélodique des standarsn dans un sique arrangé comme un écrin de mélodies auquel elle a intégré les couleurs d'un quintette classique. Un disque hors du temps, détaché des modes, d'une artiste qui n'a plus à prouver qu'elle est bien à sa place et qui sonne comme une déclaration d'amour au jazz et à la musique.

— Vincent Bessières —

LE MONDE - 2014

Sur la pochette de Shaker, son cin- quième album depuis 2005, la saxophoniste et flûtiste Sophie Alour porte un casque de moto rouge. Clin d’œil visuel aux albums electro de Daft Punk ou de Cascadeur, mais pas musical, même si les aspects les plus groo- ve de la formule saxophone, orgue (Frédéric Nardin) et batterie (Frédé- ric Pasqua) feraient de bonnes bases au genre. Quoi qu’il en soit, les compositions de la jeune fem- me sont parmi les plus prenantes de la scène jazz actuelle par leur manière d’énergie et de tendresse et sa présente virée funky est de belle facture.

— Sylvain Siclier —

LIBÉRATION - 2014

Les couleurs acidulées de la pochette, où Sophie Alour pose casquée (mais pas masquée), ne trompent pas. Dans son Shaker, la saxophoniste mutine s’amuse avec les sonorités jazz des 60’s, autour du format trio sax-orgue- batterie. L’anche flirtant aussi avec le rock et le funk de l’époque (In this World), la sax lady revisite d’anciens thèmes (Comptine, Mystère et boules de gomme) avec ce son surrané et signe des inédits spécialement composés pour Rhoda Scott, dans cette ambiance vintage (Joke et Shaker). Ainsi osé, My Favorite Things enchante.

JAZZ MAGAZINE - 2014

Comme chaque fois qu'on tient une pépite, on a fait écouter le dernier Sophie Alour à notre ami Descamps (dont on peut lire les critiques dans ces pages). Il a laissé tomber ces mots en écoutant le seul standard du disque : "mais c'est My favorite things revu par Austin powers!". De fait, on n'a jamais entendu de version aussi sautillante du monument coltranien, avec un groove évoquant effectivement les années 60. Presque tout le disque resplendit de cette humeur enjouée et funky. Shaker, qui donne son titre à l'album, est un hommage aux musiques soul ayant inspiré la compositrice (on y reconnaît notamment un riff cher à James Brown). Joke, le premier morceau, est un blues en si bémol déviant, où Sophie Alour au soprano, trace des lignes sinueuses et élégantes. Parfois la pulsation est rock comme le "boum-boum-paf" de I wanna Move My Body ("Mais c'est le rythme de We Will Rock You de Queen" s'émerveille Philippe Décamps, avec l'air D'Archimède découvrant la flottabilité des corps). Dans son entreprise de remuement des corps, Sophie Alour a su s'entourer. A l'orgue Frédéric nardin, omniprésent, offre des lignes de basse irrésistiblement rebondissantes, véritables tapis volants pour les solistes. Hugo lippi montre sur Shaker une intensité digne de Grant Green. Parfois, des rayons de mélancolie passent sous la porte, comme dans En ron absence où Nardin se transforme en choeur gospel au bout de deux minutes. Sur scène cete fine équipe méritera le détour

— Jean-François Mondot —

À NOUS - 2014

La mode est aux casques. Après Daft Punk et Cascadeur, c’est au tour de la saxophoniste et clarinettiste de jazz Sophie Alour de poser en motarde sur la pochette de son nouvel album, Shaker. Elle fait partie de cette éternelle jeune génération française dont nous attendons des éclats qui parfois tardent à venir. Quelques musi- ciennes comme Géraldine Laurent ont déjà enre- gistré de très bons disques, mais d’autres res- tent dans la salle d’attente.
Sophie Alour est bien connue du milieu. Elle a cheminé aux côtés de musiciens phares de la scène hexagonale, de Rhoda Scott à Stéphane Belmondo, très active dans les clubs parisiens. Mais nous espérions d’elle un album surprenant. Celui-ci – son cinquième –, paru chez Naïve, pourrait représenter une étape vers encore plus de visibilité. Il possède pas mal de qualités et de trouvailles. Le choix des titres comme le classique coltranien My Favourite Things, l’utilisation d’un orgue vintage, les rythmes un peu funky fournis- sent assez d’arguments pour que l’on s’arrête sur un travail original et ludique. Mais, nous le savons bien, c’est encore sur scène qu’il faudra aller véri- fier la bonne nouvelle. C’est là que le jazz s’ex- prime le mieux._S.K.

BLUES MAGAZINE - 2014

Les amoureux d’orgue Soul /Funk sixties à la Jimmy Smith ont rarement l’occasion de trouver chaussure à leur pied. Le label Naïve, après BFG et sa configuration trombone trop singulière pour les Jazzophiles, réitère l’opération séduction avec… une saxophoniste ! Sophie Alour, qui se distingue de ses consoeurs françaises Géraldine Laurent et Céline Bonacina en n’évoluant qu’en Si bémol, propose Shaker, un 5ème album où Selmer et Hammond se disputent la vedette. Joke, au soprano chantant et à la ligne de basse (au clavier) obsédante, évoque le Boogaloo que les collectionneurs raffinés de vinyles Easy Listening se passent dans leur garçonnière, un verre de Martini à la main. I Wanna Move My Body, également écrit pour Rhoda Scott, est son alter ego avec une orchestration plus dense. L’unique reprise, My Favorite Things de Richard Rodgers (La Mélodie Du Bonheur), est un summum de coolitude rétro, rythmée au guiro et au jamblock : Sophie Bobbi Humphrey Alour et Frédéric Lonnie Smith Nardin s’y encanaillent respectivement à la flûte et à l’orgue. Le casque de la pochette, pas plus ridicule que ceux des Daft Punk, dissimule un plumage qui se rapporte au ramage… À croquer en live, donc.

— Jean-Christophe Baugé —

L'HUMANITE - 2014

Sophie Alour (notre photo) dégaine son saxophone pour un mélange volontiers explosif, en son CD Shaker. Pour se faire une idée, il suffit d'écouter le fameux morceau de Coltrane, My favorite things, gorgé d'un groove des plus surprenants, et donnant une furieuse envie de danser. Les compositions de la musicienne préservent, dans leurs strates les plius profondes, l'esprit du jazz, avec un fertile sens de l'improvisation.Ici et là, l'humour ne manque pas de piqueter l'humus sonore. Et le funk abreuve les sillons, avec jubilttio. l'orgue de Frédéric Nardin, stimulé par le batteur Frédéric pasqua, joue un rôle décisif dans l'appel à la danse. Des invités apportent leur belle énergie : Julien Alour (bugle), hugo Lippi (guitare) et la palpitante rythmicienne Julie Saury. Sophie Alour s'est produite, le 17, lors d'Avoriaz Jazz Up. ce festival met à l'honneur les jazzwomen. Avec la violoniste Fiona Monbet (le 18), la pianiste Tania Maria (le 20), Avoriaz Jazz Up se conclut en beauté.

BSC NEWS - 2014

Le nom de l’album est à l’image de ce qu’il contient. Shaker est une profusion d’allégresse musicale emballée par la pétillante Sophie Alour. 10 morceaux de belle facture qui enchaîne les accords sur des reflets groove entraînants. Shaker est un mélange de son, mais également de musiciens avec lesquels Sophie Alour a su bâtir un bel album à son image, frais et dynamique.

LE RÉPUBLICAIN LORRAIN - 2014

Dans la famille Alour, je demande la sœur, Sophie. Cela fait quelques années qu’on la connaît et qu’elle sème des albums sur sa route. Elle est l’une des drôles de dames du sax français, avec Géraldine Laurent qui tient l’alto et Céline Bonacina, au baryton. Sophie, c’est le ténor, le soprano et la flûte. Shaker, déjà son cinquième opus, confirme le bien qu’on pensait d’elle. Il est piquant, solaire, épicé de funk (les titres Joke, Shaker, I wanna move my body). Sophie Alour n’est pas du genre à vouloir souffler plus fort ou plus vite que son ombre. Sa marque, c’est plutôt un phrasé précis, parfois nonchalant à la Lester Young, et qui ne dédai- gne pas les joliesses de la mélodie (Comptine). Dans ce Shaker, elle a mis à parts égales, outre son propre jeu, l’orgue bluesy de Frédéric Nar- din et la rythmique goguenarde, tantôt fausse- ment nonchalante tantôt énervée (In this world), de Frédéric Pasqua. Et puis il y a les invités : le petit frère Julien Alour au bugle, le guitariste Hugo Lippi et la batteuse Julie Saury. Ensemble, ils délivrent un étonnant My favorite things : le morceau jadis transcendé par Col- trane devient une fantaisie à la Tijuana Brass, ces jeunes ne respectent rien ! De ce Shaker coule décidément un cocktail rafraîchissant et fruité, à consommer sans modération.
Revenons à Julien Alour, car il est rare qu’un frangin et sa sœur sortent, presque en même temps, chacun son album dans le même idiome musical. W.i.l.l.i.w.a.w est la première contri- bution discographique du trompettiste quimpé- rois. Pas de renvoi d’ascenseur : Sophie n’y est pas invitée, le sax qui partage le micro est l’excellent François Théberge. L’ensemble sonne années soixante, avec des rythmiques empruntées à Coltrane, Miles Davis, Joe Hen- derson, Lee Morgan... Le reproche qu’on pour- rait formuler tient à une certaine monotonie, l’impression que ce sont toujours les mêmes accords qui reviennent, tantôt pour bâtir un jazz atmosphérique, tantôt pour des composi- tions plus speed. Exceptions : Song for Julia, une bien belle ballade, et Impulsion où Alour, Théberge et le pianiste Adrien Chicot se lâchent davantage.

— Richard SOURGNES —

LE MONDE - 2012

D'album en album, la présence musicienne de la saxophoniste et clarinettiste Sophie Alour s'affirme. La Géographie des rêvesconfirme pleinement des qualités de compositrice, d'interprète et d'arrangeuse. L'alliance des anches avec le bugle (Yoann Loustalot), une utilisation recherchée du vibraphone (Stéphan Caracci) donnent une couleur originale à l'ensemble. Avec des univers musicalement imagés, où s'entendent parfois une forme d'onirisme qu'appelle le titre ou une expressivité qui peut rappeler certaines pièces de Charles Mingus.

La part d'écrit et d'improvisé est indiscernable, les développements naturels dans un jeu collectif fluide.

— Sylvain Siclier —